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jean-baptiste dollé « Garder notre avance par rapport à nos voisins européens »

Plus d’un quart des élevages laitiers français ont réalisé un diagnostic CAP2’ER. Cela ne permet pas encore d’atteindre les objectifs de réduction de la filière en 2025 mais les éleveurs sont plus engagés que leurs collègues européens.

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Vous avez participé à la COP 26 à Glasgow en novembre dernier. Quel bilan en faites-vous ?

Jean-Baptiste Dollé : Certains voient le verre à moitié vide, d’autres à moitié à plein mais les choses avancent heureusement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les éleveurs le vivent désormais tous les ans par des rendements hétérogènes d’une année sur l’autre. L’Union européenne fait sa part en renforçant ses objectifs pour obtenir la neutralité carbone en 2050. Elle a la volonté de réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre en 203, par rapport à 1990. Avec ses émissions de méthane entérique, l’élevage bovin reste pointé du doigt mais les regards évoluent sur nos systèmes d’élevage. La biodiversité, la conservation des sols, leur stockage du carbone sont reconnus.

La filière laitière française va-t-elle atteindre la réduction des gaz à effet serre de 20 % qu’elle s’est fixée en 2025 ?

J-B.D. : Nous en sommes encore loin. Sur les 54 000 exploitations laitières françaises, 14 700 ont réalisé un diagnostic CAP2’ER. Ce n’est pas suffisant mais la filière française a une énorme avance par rapport aux autres pays européens. Il faut la garder. De plus, l’expertise et la méthode françaises sont plébiscitées par la Commission européenne. Un CAP2’ER Europe est disponible depuis ce mois-ci. L’outil est traduit dans les différentes langues européennes et adapté aux spécificités des pays. Il sera vendu à l’organisme intéressé via des licences pour assurer son développement et sa mise à jour. De même, la démarche de label bas-carbone développée par la France rencontre l’intérêt de ses partenaires européens. Un marché du carbone va être lancé au niveau européen.

Le marché des crédits carbone se développe-t-il en France ?

J-B.D. : Oui. En août France Carbon Agri Association (FCCA), qui agrège les offres de crédits carbone, avait potentiellement vendu un quart des 137 000 tonnes d’équivalents C02 labellisés par le ministère de la Transition écologique en mars dernier. Elle a atteint les 45 % à 50 % et a encore cinq ans pour vendre l’autre moitié. Ils sont proposés par 301 éleveurs bovins [NDLR : L’Éleveur laitierde septembre 2021 ou sur notre site]. Le deuxième appel d’offres lancé en 2021 a rassemblé 550 000 t d’équivalents C02. FCCA vient de déposer leur demande de labellisation. Le prix est maintenu à 38 € la tonne de CO2 dont 30 € pour le producteur.

Des travaux de recherche montrent une durée de vie du méthane de dix à douze  ans dans l’atmosphère. L’empreinte carbone d’une ferme laitière est-elle en réalité plus faible que celle calculée­ aujourd’hui ?

J-B.D. : Tant que le GIEC n’intègre pas cette nouvelle connaissance dans ses méthodes de calcul des émissions de gaz à effet de serre, nous appliquons les références actuelles. Certes, elle changera l’empreinte environnementale des exploitations laitières mais l’effort de réduire les émissions de protoxyde d’azote, de méthane et de dioxyde de carbone reste là.

propos recueillis par claire hue

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